jeudi 7 février 2013

«Zelda: a Link to the past» à la hauteur de sa légende


Zelda 3: a Link to the Past est un classique du jeu vidéo. Un mythe. Mais le plus incroyable quand on y joue aujourd'hui, pour la première fois depuis vingt ans, c'est qu'il a conservé toute sa fraîcheur, sa fougue, sa puissance magnétique.
Tout commence par une ouverture grandiose: l'infiltration dans le château, sous une pluie battante. Une vraie mise en scène de jeu vidéo, totalement interactive –mais le cinéma est vite délaissé au profit du jeu.
Ce qui frappe aujourd'hui, c'est d'abord le dynamisme de cet opus: Zelda 3 est un jeu d'action et d'aventure; les deux aspects sont d'égale importance. Même si beaucoup peuvent être esquivés, les combats occupent une place centrale. Dans l'ensemble, les boss sont parmi les plus intéressants de la série: énormes, avec des schémas d'attaque subtils et variés et de l'agressivité à revendre. Essayez donc de les combattre à la loyale, sans fée ni potion...

 La scène d'ouverture, un mythe (et cette musique !), revisité par l'artiste Orioto (travaux à voir sur Deviantart).

Toute l'aventure se déroule sur un rythme infernal; on ne peut qu'être happé par Hyrule et le Monde des Ténèbres. Les donjons, plus étriqués que dans les Zelda modernes, sont des miniatures parfaites, toutes basées sur une astuce, un «argument» architectural: niveau d'eau variable, étages, entrées/sorties multiples avec déplacement à l'extérieur, etc.
On réfléchit bien sûr, comme dans dans tout bon Zelda, on ressasse ces plans et ces indices pour résoudre les énigmes et progresser entre les salles. A la fin du jeu surtout, chaque écran est un combat: les ennemis ont des comportements basiques (se déplacer aléatoirement, foncer vers le héros...), mais la combinaison et le placement de ceux-ci et d'obstacles (trous, piques...), avec projections de lasers et de boulettes en sus, sur un même écran, crée de petits défis d'action toujours renouvelés et stimulants. Ensuite, il faut parfois trouver ou ouvrir la sortie..


Et quand il est dehors, Link ne souffle un instant que pour observer les décors et débusquer les quarts de cœur. Dans ce Zelda comme dans beaucoup d'autres titres, Nintendo a le génie de l'indice visuel.
Le reste du temps, notre héros fonce d'un bout à l'autre de la carte en un instant, tel Pégase au galop, tailladant quelques méchants pour le plaisir.
Ce dynamisme inouï, digne d'un jeu d'action, ne fait qu'accentuer l'épique de l'aventure, les dangers de l'exploration, le plaisir de réfléchir à un problème après avoir nettoyé une salle.
Il manque peut-être à ce Zelda l'humour et l'onirisme de Link's Awakening (Game Boy) ou la perfection logique des donjons d'Ocarina of Time (Nintendo 64). Mais il va au bout de sa proposition singulière, remplit toutes ses promesses. C'est un épisode parfait, fondateur, qui déploie des trésors de gameplay et de level-design. Un chef d'œuvre classique.
5/5
The Legend of Zelda: a Link to the Past (ゼルダの伝説 神々のトライフォース soit Zeruda no Densetsu Kamigami no Toraifōsu ou La Légende de Zelda: La Triforce des Dieux; novembre 1991, Super Famicom; septembre 1992, Super Nintendo), un jeu d'action et d'aventure développé et publié par Nintendo.
Le jeu a été porté sur Game Boy Advance en 2003 et est disponible sur la Console virtuelle de la Wii (en téléchargement) depuis 2007.

*** Bonus ***
Le jeu est sorti peu après la Super Nintendo. La console impressionne déjà avec Super Mario World et F-Zero. Mais les premiers échos du Japon affluent dans les magazines de l'époque: un nouveau Zelda, qui s'annonce comme la plus grande aventure de tous les temps... Sachant que les premiers épisodes sur Nes avaient déjà produit forte impression, il faut imaginer l'enthousiasme et l'attente des joueurs. La critique sera d'ailleurs dithyrambique.
Une publicité restée célèbre, qui inonda la presse, joue sur ce gigantisme de l'aventure ( un argument de vente imbattable à l'époque) et annonce le twist du jeu.




*** Pour aller plus loin :
- Un dossier consacré à la série Zelda sur Grospixels et la discussion consacrée à l'épisode Link to the Past sur son forum.
- Un bon test du jeu par Akëdysséril, un lecteur de Jeuxvidéo.com, sur le site en question.
- L'un des principaux magazines spécialisés de l'époque, Player One, reconnaît d'emblée le jeu comme un chef-d'œuvre et lui consacre un dossier entier.