jeudi 13 janvier 2011

Faites le mur ! ou l'art de rire entre documentaire et réflexion

Banksy, sans doute le créateur le plus connu du street art, finit par reprendre le film en main. Au point que certains critiques se demandent qui manipule qui, et si le film comme son objet ne sont pas un canular agitprop.

Le street art, mouvement international et urbain, semble l'héritier noble (ou bien embourgeoisé et vidé de substance?...) du graffiti. Le support est identique – le béton des villes – l'éventail des techniques utilisées s'élargit aux pochoirs, collages et mosaïques, etc., la visée redevient politique et esthétique. Et même si les artistes de rue sont des acrobates que poursuit la police, leurs œuvres s'exposent et se cotent sur le marché de l'art contemporain.
C'est ce street art et ses protagonistes que décrit Faites le mur ! au départ. Thierry Guetta, Frenchman from L. A. fasciné par ces créateurs de l'ombre, les filme comme on pisse à l'aide d'une caméra vidéo. Ses images au kilomètre composent un vrai documentaire sur le street art, l'enregistrement d'œuvres par nature éphémères (quoique...) comme la geste d'aventuriers du bitume.

Mais un glissement s'opère au fil des séquences : le vidéaste devient l'objet du film ; le street art s'expose et se commercialise, enfin se vide de sa rébellion – quand ce n'est pas de toute substance. L'art n'est plus qu'une intention ?... Alors seules la lisibilité et la noblesse de celle-ci importent. Approchée par Guetta, la sommité Banksy reprend la caméra et incite l'admirateur à devenir artiste. Las ! la créature échappe à son maître dans un tourbillon drolatique et cynique.

Mister Brainwash, naïf sincère ou authentique cynique ?

Faites le mur !, un essai pour initiés ? Non !
Le documentaire est instructif, drôle et exaltant, qui interroge Invader, créateur de ces Space Invaders en mosaïque qui envahissent les métropoles du monde entier, ou encore Banksy, dont les pochoirs pleins d'espoir d'espoir entaillent le mur de sécurité construit par Israël sur les Territoires palestiniens.
La réflexion est passionnante, argumentée sans être pesante, large et profonde sans jamais s'éparpiller.
Le tout est fin, léger, rebelle et fun, et dépasse aisément son sujet. Et tant pis si c'est l'énième coup d'un maître du canular.

Faites le mur ! [Exit through the gift shop], de Banksy (2010, États-Unis et Royaume-Uni, 1h26)
Avec Thierry Guetta (aka Mr Brainwash), Banksy...

*** D'autres critiques :
  • «Banksy quitte la rue pour le cinéma», la critique d'Isabelle Régnier pour Le Monde.
  • «Au sens street», la critique de Marie Lechner pour LibéNext.
  • Le «pour» d'Aurélien Ferenczi et le «contre» de Louis Guichard sur le site de Télérama.

1 commentaire:

YaZ a dit…

Yo tof ! Il a fallu que tu mettes un lien sur facebook pour que je prenne connaissance de ton blog léger !

Instructif ces critiques, je n'avais pas entendu parler de certains films que tu as décrypté et ça m'a vraiment donné envie de les voir (Rubber et Mother entre autres). Mention spéciale aux jeux wii alternatifs qui passent complètement inaperçus et qui mériteraient d'être connus... bon ça sera après DK qui me bouffe mon temps, mon énergie et ma patience légendaire ainsi que tout le retard que j'ai à rattraper avec cette fabuleuse console !

Merci pour ton lien vers mon blog. Pour ce qui est de ton ancien blog tu devrais repasser sur ton compte over-blog et désactiver toutes ces pubs ignobles qui polluent la lecture... ce qui est ancien ne mérite pas d'être laissé à l'abandon !

A+