lundi 1 février 2010

Une Jeune fille à la dérive, mélo naturaliste du Japon d'après-guerre


L'affiche du film pour sa ressortie en salles le 22 juillet 2009
(copyright E.D. Distribution)

Une Jeune fille à la dérive (1963), de Kirio Urayama, raconte les amours contrariées de Saburo, 21 ans, et Wakae, 15 ans. Un jeune adulte et une adolescente — deux êtres à l'âge de tous les (im)possibles.
Lui, fils de bonne famille diplômé, se retrouve au chômage et revient dans sa famille — des notables d'un village de campagne — après une brève expérience de l'indépendance. Il tente d'échapper au modèle de son frère, jeune conseiller municipal conservateur, influent et ambitieux.
Elle aussi tente de fuir : les siens, son père alcoolique, veuf ; la misère. Serveuse et voleuse à la petite semaine, livrée à la convoitise des hommes, elle dérive, sans avenir.
L'un a l'indignation douce, un peu indifférente, l'autre a la révolte incandescente et violente. Ils s'aimantent évidemment, envers et contre tout.

Saburo (Mitsuo Hamada) et Wakae (Masako Izumi)
(image du film, copyright E.D. Distribution)


Kirio Urayama met en scène des «presque adultes» attachants, aux rêves et aux désirs informulés ou impossibles à assouvir. Le couple se cherche en subissant les affres de l'indécision propre à cet âge.
Mais malgré quelques audaces formelles, Une Jeune fille à la dérive est finalement un mélodrame assez classique sur l'air de «je t'aime, moi non plus» — un air entêtant, jusqu'à fatiguer à la longue. Est-ce ce défaut d'audace, ou un certain manque d'intensité — alors que l'héroïne est voulue incandescente, que les personnages sont censés être au bord de la rupture... le film est sympathique, mais trop sage, et pas fiévreux ni bouleversant comme des enfants perdus à cet âge-là.
La toile de fond, par contre, est originale et réussie. Le film se déroule dans le Japon d'après-guerre, période charnière et tourmentée ; les scènes naturalistes, la chronique sociale, bien présentes et revendiquées dans le film, sont fascinantes et instructives. Dure, tendre ou drôle, historique ou sociale, cette peinture de la société d'alors, éclairée par la classique élégance de la photographie, est sans doute le point fort du film.

Une Jeune fille à la dérive, de Kirio Urayama (1963, Japon, 1h56)
Avec Masako Izumi, Mitsuo Hamada...

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