samedi 30 janvier 2010

Pikmin : à la conquête d'un nouveau jardin



A bord de son vaisseau spatial, le capitaine Olimar s'écrase sur une étrange planète. Il est sain et sauf, mais n'a de l'oxygène que pour trente jours, alors que les pièces de son vaisseau sont éparpillées dans le monde entier. Le joueur prend le contrôle du petit astropilote pour les retrouver... Il devra pour cela explorer des environnements bucoliques, maîtriser l'écosystème et le terrain en s'appuyant sur les étranges petites créatures venues à son secours (et soumises à ses ordres), étranges fleurs animales, fécondes et combatives — les différents Pikmin.

Pikmin est l'une des œuvres les moins connues du concepteur de jeu Shigeru Miyamoto, créateur pour Nintendo de Mario, Zelda, Donkey Kong et bien d'autres. C'est une franchise jeune, apparue en 2001 sur une console plutôt confidentielle, la GameCube (et rééditée sur Wii en 2009).
Ce lointain cousin des jeux de conquête stratégique et tactique n'a peut-être pas choisi le genre le plus vendeur... D'autant qu'en réalité, le jeu est original et novateur : il crée son propre style, dont s'inspireront notamment Overlord (2007, Triumph Studios, sur 360, PS3 et PC) ou Little King's Story (2009, Cing, sur Wii). Un mélange d'exploration, de gestion et de combat.
Il y a de vraies phases d'action, où le capitaine et ses Pikmin doivent se placer par rapport à l'ennemi, éviter ses attaques et viser ses points faibles.
Mais c'est l'exploration qui est centrale : il s'agit de conquérir le terrain pied à pied, de découvrir ou de bâtir les chemins vers des pièces lointaines. La clef : mémoriser, pour la dompter, la topographie — un vrai plaisir vu le soin apporté à la conception des niveaux, la qualité du level-design : il faut toujours utiliser une astuce pour atteindre les pièces, judicieusement placées.
Pikmin, c'est aussi de la gestion : gestion des troupes, de la répartition entre Pikmin rouges, jaunes ou bleus — chacun a sa spécialité — selon le raid planifié ; et gestion du temps surtout. Les journées passent toujours trop vite, le joueur doit judicieusement décomposer les tâches, lancer telle construction de pont ici, puis courir là pour abattre un mur, vaincre une coccinelle géante ; en prévoyant bien sûr le temps de ramener les trouvailles à la base... Une fois le jeu fini, ses subtilités maîtrisées, il est tentant de le recommencer d'emblée pour parfaire son agenda, collecter les trente pièces toujours plus vite. Le recordman actuel boucle le jeu en moins de neuf jours, deux heures du monde réel !


Pikmin surprend par sa complexité et finalement convainc par sa profondeur. D'un aspect naïf, simple mais réussi et intemporel, le jeu de Nintendo demande d'emblée de maîtriser des commandes assez nombreuses. Surtout, fidèle au scénario, il lâche le joueur sans grandes indications : il y a donc beaucoup d'éléments à assimiler au départ, pour connaître la planète et deviner les objectifs et le moyen d'y parvenir. Ainsi, la pratique seule permet de découvrir et de maîtriser toutes les possibilités des trois espèces de Pikmin, que ce soit sur le terrain ou surtout en combat. Le tout sous la contrainte du temps, stressante mais finalement centrale et loin d'être impitoyable.
Une fois la planète et ses habitants bien connus, le jeu procure un plaisir immense. C'est mignon, charmant, reposant, magique et amusant comme un jeu Nintendo, et terriblement prenant. Et novateur : Shigeru Miyamoto a créé un nouveau genre de jeu, encore à l'état d'ébauche dans ce premier Pikmin, mais déjà convaincant. Un «petit» classique, sans aucun doute.

Pikmin (GameCube, 2001, adapté sur Wii en 2009 dans la collection «Nouvelle façon de jouer»), un jeu tactique d'exploration et d'action développé et édité par Nintendo (Japon).

*** Plus d'infos :
  • La critique de Vincent Montagnana sur Chronic'art.
  • Le test de la version originelle par Trunks sur Gamekult (et des précisions sur le portage sur Wii).
  • Un deuxième volet a été publié sur GameCube en 2004 (et adapté sur Wii en 2009). Les critiques, dont beaucoup avaient déploré la limite de temps du premier, sont une majorité à le considérer supérieur.

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