mardi 19 janvier 2010

Tetro, ombres et lumières sur la célébrité


Francis Ford Coppola (photo de presse officielle, par Mihai Malamaire)

Toutes les composantes d'un drame familial sont réunies dans Tetro : des protagonistes aux origines troubles, la fascination et la rivalité entre deux frères, entre père et fils ; de nombreuses résonances avec la biographie du réalisateur Francis Ford Coppola...
Pourtant Tetro n'est pas intéressant pour cela. C'est même un coeur de film un peu faiblard : les personnages ne suscitent pas d'empathie, n'émeuvent pas le spectateur. Bien loin du naturel et de la sensibilité du Rusty James qu'elle évoque, la froide première partie déçoit, qui manque de naturel et de subtilité. Même si l'élégance de la réalisation et les acteurs, convaincants à défaut d'être bouleversants, maintiennent un intérêt modéré.
Non, Tetro s'intéresse aux lumières et aux images de la célébrité. L'ouverture : Vincent Gallo regarde un papillon virevolter autour d'une lampe et s'écraser sur le verre de l'ampoule. Le noir et blanc n'est que jeux d'ombres ; Tetro est devenu éclairagiste dans les milieux branchés après avoir renoncé à l'art ; des miroirs parsèment les plans, des écrans lors du finale.
Coppola brode une abracadabrante tragédie sur un canevas familial : c'est une boutade adressée à la critique, un prétexte pour une réflexion désabusée - sans doute largement personnelle - sur la célébrité et certains moteurs de la création. Il y a des plans grandiloquents et épatants, qui fascinent par leur beauté et leurs promesses, repoussent par l'ironie et la distance qu'y introduit le réalisateur - souvent par le contrepoint d'une scène montrant tel ou tel parent/alter ego d'un protagoniste.
Ainsi Tetro prend de l'ampleur, par l'accumulation de récits, de séquences sombres, lumineuses ou en couleur, de formats différents ; de scènes burlesques, dramatiques ou surréalistes... En résulte une oeuvre plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord, inégale et d'un abord difficile mais d'une force indiscutable.

Tetro, de Francis Ford Coppola (2009, Argentine-Espagne-Italie, 2h07)
Avec Vincent Gallo, Alden Ehrenreich, Maribel Verdu...

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