dimanche 17 janvier 2010

Avatar, héraut sans grâce du spectacle en 3D

Il me fallait voir Avatar. Déjà parce que cela me permettait d'aller au cinéma accompagné, pour une fois. Surtout parce que le film de James Cameron était annoncé comme le premier blockbuster en 3D digne d'intérêt, apprécié même des critiques les plus érudits.
Pressés par Hollywood et par Wall Street, les médias prophétisaient depuis des mois que le nouveau film du réalisateur de Titanic (1997) battrait son prédécesseur, record de France et du monde du nombre d'entrées, invaincu à ce jour mais déjà talonné par le dernier-né. Avatar, l'un des films les plus coûteux de l'histoire du cinéma industriel (mais pas réellement le numéro un, selon l'IMDB), ouvrirait l'ère des super-productions en 3D ou précipiterait Hollywood dans une grave crise. La production entrerait dans l'histoire de l'industrie cinématographique - et les oracles aux voix d'or disaient vrai...

Jake Sully (incarné par Sam Worthington) sur Pandora, dans la peau de son avatar Na'vi (photo du film copyright Twentieth Century Fox France)

Le mardi suivant la sortie du film, donc, après avoir réservé ma place sur internet, payé 12,70 euros et rusé avec mes amis pour m'installer sur un fauteuil central dans une salle comble, j'ai vu Avatar - hélas doublé en français, VO et 3D semblant inconciliables en province.
J'ai vu Avatar et je n'ai pas été déçu. D'une certaine façon, j'ai même été emballé. C'est du très grand spectacle, un pur divertissement immersif et prenant, qui touche au conte fantastique. Quand j'irai voir une superproduction, les années bissextiles, je voudrais qu'elle soit au moins aussi ébouriffante qu'Avatar. Mais un peu mieux écrite, plus humaine et plus esthétique, tant qu'à faire.
Le récit, bien que très simple, conserve la force des légendes populaires et parvient à transporter le spectateur. A toucher malgré la nullité des dialogues (heureusement limités), dont pas une réplique n'a été entendue dans toutes les bandes-annonces de tous les blockbusters. Pourtant, en germe au creux d'une péripétie, on effleure des thèmes cruciaux, dont le film refuse de s'emparer, tels les rapports de l'homme aux technologies.
Les personnages aussi restent à l'état d'ébauches archétypiques, inhumains donc. Et d'autant plus qu'Avatar est presque un film d'animation : malgré la surimpression de visages réels aux images de synthèse, les regards évoquent davantage le cartoon que l'intensité d'un film d'acteurs, et les corps grotesques des Na'vis s'expriment par une caricature mille fois mimée.
Pourtant on est happé. Par l'exploration de la planète imaginaire Pandora, surtout - qui est souvent aussi la découverte de la troisième dimension, ici utilisée avec parcimonie et un goût certain. La réussite technique parvient presque à passer pour artistique, jusqu'à subir la vue d'un plan violacé ou d'une créature disgracieuse. Car le film souffre d'une esthétique Polly Pocket moquée par Télérama.

Avatar est donc une aventure galvanisante, une féérie technologique, mais à la manière d'un parc de Walt Disney, valable et amusant une fois tant que l'on supporte la guimauve, trop superficiel pour que l'on s'y attarde et qu'on le préfère à la beauté réelle de la nature et des hommes.

Avatar, de James Cameron (2009, Etats-Unis, 2h41)
Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang...

*** D'autres critiques :

3 commentaires:

Lou a dit…

J'aurais pas cru que t'aurais autant aimé... et ton papier m'a presque donné envie de le voir. Bon presque seulement ;-)
NB : répétition "une" au début du dernier paragraphe, désolée, on est SR ou...

Ch. Led. a dit…

Va le voir (en 3D), ça vaut quand même le coup. C'est un film du réalisateur de Titanic, il y a une histoire d'amour... Et puis le film est en train de devenir un phénomène de société, tous les moins de 50 ans le voient.
En plus je ne suis pas sûr qu'on revoit de sitôt un film 3D de qualité, sauf si l'Alice de Tim Burton se révèle bien meilleur que les images que j'en ai vu jusque-là.
C'est sûr que le film n'est pas très attirant comme ça, et qu'il fait un peu jeu vidéo géant, mais on se laisse prendre quand même, je ne pense pas qu'on puisse être déçu (sauf à s'attendre à La Question humaine).

Lou a dit…

S'attendre à La Question Humaine ? J'avoue là tu m'as eue ;-)